Fiche de Presse Info. 06/07/2010
Charcuteries et cancer colorectal : première démonstration expérimentale d’un effet promoteur dans un modèle animal
Depuis longtemps soupçonnée de favoriser les
cancers du côlon, la consommation de charcuteries
fait l’objet de recommandations précises de la part
des organismes de prévention du cancer. Pourtant
ces recommandations ne reposaient que sur des
corrélations observées au cours d’études épidémiologiques. A
l’INRA de Toulouse, une équipe de chercheurs montre pour la
première fois dans un modèle animal, que la consommation de
viandes transformées, modélisant des charcuteries, est directement
responsable d’une augmentation des lésions pré-tumorales au
niveau du côlon. Les charcuteries modèles en cause sont celles qui
ont subi plusieurs processus de transformation (ajout de nitrites et
cuisson), et qui sont oxydées et riches en hème(1).
La consommation de viande rouge et de charcuteries est incriminée
depuis plusieurs années dans la survenue de cancers du côlon, première
cause de mort par cancer chez les non-fumeurs en France : chaque jour,
100 nouvelles personnes sont atteintes, et 45 en meurent. En 2007, le
World cancer Research Fund (WCRF) a conclu que la consommation de
charcuteries était liée au cancer du côlon, avec un facteur de certitude
très élevé, en se basant sur des corrélations observées lors d’études
épidémiologiques. Sur cette base, le WCRF a recommandé d’éviter de
consommer des charcuteries. A l’INRA de Toulouse, une équipe de
chercheurs, associée à l’Institut du Porc (IFIP), a cherché à comprendre
comment les charcuteries peuvent être promotrices du cancer du côlon.
Plus précisément, les chercheurs ont quantifié l’importance de différents
facteurs du procédé de fabrication des charcuteries sur la carcinogenèse
colorectale.
L’équipe montre pour la première fois, in vivo chez le rat, qu’une
charcuterie modèle riche en hème (la molécule qui donne sa couleur
rouge à la viande, et qui lui donne son aspect rosé lorsque cette dernière
est cuite), salée, additionnée de nitrites, cuite et oxydée était promotrice
de la carcinogenèse colorectale. Pour arriver à ce résultat, les chercheurs
ont testé 4 facteurs représentatifs de la transformation industrielle des
charcuteries : la couleur, l’ajout de nitrites, la cuisson et l’oxydation du
produit. Après avoir essayé seize combinaisons différentes, ils ont trouvé
que l’association de ces 4 facteurs qui mime le procédé de fabrication
d’un jambon cuit, puis exposé à l’air, était celle qui générait le plus de
lésions précancéreuses au niveau de la muqueuse intestinale.
Le pouvoir promoteur des charcuteries vient probablement de la
transformation de l’hème lors du processus de fabrication. En effet celuici
va subir une réaction chimique qui va le modifier, – la nitrosylation-, lui
permettant à son tour de catalyser la formation des agents véritablement
cancérigènes : des peroxydes et des composés N-Nitrosés.
Outre la validation expérimentale des observations de l’épidémiologie, ce
travail ouvre la voie à des stratégies de prévention qui consisteraient à
modifier le procédé de fabrication des charcuteries (par exemple,
contrôler le statut d’oxydation en produisant et conservant les
charcuteries dans des milieux dépourvus d’oxygène ou en ajoutant des
antioxydants comme la vitamine E).
(1) L’hème est la molécule qui donne sa couleur au muscle, donc à la charcuterie. Plus elle est
abondante, plus le muscle est rouge. Cette molécule apporte le fer, sous sa forme la plus
facilement assimilable pour l’homme.Références :
Meat processing and colon carcinogenesis : cooked, nitrite-treated, and oxidized high-heme cured meat promotes mucin-depleted foci in rats. Cancer
prevention research, online.
Doi : 10.1158/1940-6207. CAPR-09-0160
Raphaëlle L. Santarelli1, 2, Jean-Luc Vendeuvre2, Nathalie Naud1, Sylviane
Taché1, Françoise Guéraud1, Michelle Viau3, Claude Genot3, Denis E. Corpet1,
and Fabrice H.F. Pierre1
1Université de Toulouse, ENVT, INRA, UMR1089 Xénobiotiques, Toulouse,
France;
2IFIP-Institut du Porc, Paris Cedex, France;
3UR1268, Biopolymères Interactions Assemblages, INRA, Nantes, FranceRédacteur :
tél : 01 42 75 94 12 ou presse@inra.fr
Service Presse INRAContacts :
Fabrice Pierre
Tél : 05 61 19 32 89 ou f.pierre@envt.fr
ou
Denis Corpet
Tél : 05 61 19 39 82 ou d.corpet@envt.fr
UMR Xénobiotiques
Centre INRA de ToulouseRédacteur :
Service Presse INRA
tél : 01 42 75 94 12 ou presse@inra.fr
Charcuteries et cancer colorectal : première démonstration expérimentale d’un effet promoteur dans un modèle animal
Depuis longtemps soupçonnée de favoriser les
cancers du côlon, la consommation de charcuteries
fait l’objet de recommandations précises de la part
des organismes de prévention du cancer. Pourtant
ces recommandations ne reposaient que sur des
corrélations observées au cours d’études épidémiologiques. A
l’INRA de Toulouse, une équipe de chercheurs montre pour la
première fois dans un modèle animal, que la consommation de
viandes transformées, modélisant des charcuteries, est directement
responsable d’une augmentation des lésions pré-tumorales au
niveau du côlon. Les charcuteries modèles en cause sont celles qui
ont subi plusieurs processus de transformation (ajout de nitrites et
cuisson), et qui sont oxydées et riches en hème(1).
La consommation de viande rouge et de charcuteries est incriminée
depuis plusieurs années dans la survenue de cancers du côlon, première
cause de mort par cancer chez les non-fumeurs en France : chaque jour,
100 nouvelles personnes sont atteintes, et 45 en meurent. En 2007, le
World cancer Research Fund (WCRF) a conclu que la consommation de
charcuteries était liée au cancer du côlon, avec un facteur de certitude
très élevé, en se basant sur des corrélations observées lors d’études
épidémiologiques. Sur cette base, le WCRF a recommandé d’éviter de
consommer des charcuteries. A l’INRA de Toulouse, une équipe de
chercheurs, associée à l’Institut du Porc (IFIP), a cherché à comprendre
comment les charcuteries peuvent être promotrices du cancer du côlon.
Plus précisément, les chercheurs ont quantifié l’importance de différents
facteurs du procédé de fabrication des charcuteries sur la carcinogenèse
colorectale.
L’équipe montre pour la première fois, in vivo chez le rat, qu’une
charcuterie modèle riche en hème (la molécule qui donne sa couleur
rouge à la viande, et qui lui donne son aspect rosé lorsque cette dernière
est cuite), salée, additionnée de nitrites, cuite et oxydée était promotrice
de la carcinogenèse colorectale. Pour arriver à ce résultat, les chercheurs
ont testé 4 facteurs représentatifs de la transformation industrielle des
charcuteries : la couleur, l’ajout de nitrites, la cuisson et l’oxydation du
produit. Après avoir essayé seize combinaisons différentes, ils ont trouvé
que l’association de ces 4 facteurs qui mime le procédé de fabrication
d’un jambon cuit, puis exposé à l’air, était celle qui générait le plus de
lésions précancéreuses au niveau de la muqueuse intestinale.
Le pouvoir promoteur des charcuteries vient probablement de la
transformation de l’hème lors du processus de fabrication. En effet celuici
va subir une réaction chimique qui va le modifier, – la nitrosylation-, lui
permettant à son tour de catalyser la formation des agents véritablement
cancérigènes : des peroxydes et des composés N-Nitrosés.
Outre la validation expérimentale des observations de l’épidémiologie, ce
travail ouvre la voie à des stratégies de prévention qui consisteraient à
modifier le procédé de fabrication des charcuteries (par exemple,
contrôler le statut d’oxydation en produisant et conservant les
charcuteries dans des milieux dépourvus d’oxygène ou en ajoutant des
antioxydants comme la vitamine E).
(1) L’hème est la molécule qui donne sa couleur au muscle, donc à la charcuterie. Plus elle est
abondante, plus le muscle est rouge. Cette molécule apporte le fer, sous sa forme la plus
facilement assimilable pour l’homme.Références :
Meat processing and colon carcinogenesis : cooked, nitrite-treated, and oxidized high-heme cured meat promotes mucin-depleted foci in rats. Cancer
prevention research, online.
Doi : 10.1158/1940-6207. CAPR-09-0160
Raphaëlle L. Santarelli1, 2, Jean-Luc Vendeuvre2, Nathalie Naud1, Sylviane
Taché1, Françoise Guéraud1, Michelle Viau3, Claude Genot3, Denis E. Corpet1,
and Fabrice H.F. Pierre1
1Université de Toulouse, ENVT, INRA, UMR1089 Xénobiotiques, Toulouse,
France;
2IFIP-Institut du Porc, Paris Cedex, France;
3UR1268, Biopolymères Interactions Assemblages, INRA, Nantes, FranceRédacteur :
tél : 01 42 75 94 12 ou presse@inra.fr
Service Presse INRAContacts :
Fabrice Pierre
Tél : 05 61 19 32 89 ou f.pierre@envt.fr
ou
Denis Corpet
Tél : 05 61 19 39 82 ou d.corpet@envt.fr
UMR Xénobiotiques
Centre INRA de ToulouseRédacteur :
Service Presse INRA
tél : 01 42 75 94 12 ou presse@inra.fr