Communiqué

Les antioxydants judicieux en prévention :

une nouvelle méta-analyse le prouve: les personnes carencées en vitamines et minéraux sont bien sûr celles tirant le plus de bénéfice d’une supplémentation en antioxydants, comme le précisent des chercheurs allemands qui viennent de publier une méta-analyse de 66 études scientifiques.

Il a souvent été clamé que les compléments alimentaires étaient inutiles voire même dangeureux. Mais la publication d’un nouveau rapport par un groupe de scientifiques allemands reconnus rend ce constat caduque. Dans celui-ci, ils concluent au contraire à la réelle efficacité des antioxydants en matière de prévention. Menée par le Professeur Hans Biesalski de l’Université de Hohenheim en Allemagne, une équipe de scientifiques a analysé 66 études scientifiques afin de mesurer l’effet d’une supplémentation en vitamines et minéraux chez les personnes âgées atteintes de pathologies chroniques ou aïgues.

A partir des résultats de chacune des études, les scientifiques ont divisé les études en trois catégories : effectif, neutre ou négatif. 24 de ces études ont montré un résultat bénéfique de la supplémentation, 39 ne révélaient pas de bénéfices significatifs et 3 étaient négatives.

Cette étude allemande a été publiée dans le journal en libre-accès ”Nutrients” et revue par des pairs.

Des bénéfices pour ceux carencés en nutriments

Sans surprise, les individus qui ont le plus tiré profit des supplémentations sont ceux qui étaient les plus carencés en micronutriments essentiels. Les chercheurs ont en particulier souligné l’importance des vitamines C, E, et du bêta-carotène ainsi que des minéraux sélénium et zinc. Ces nutriments font partis du ”réseau antioxydant” qui est essentiel à la défense de notre organisme. Les antioxydants sont des éléments tels les minéraux, les vitamines, etc…capables de protéger nos cellules et leurs membranes contre les dommages générés par les radicaux libres.

L’étude danoise contredite

 L’intérêt de cette étude allemande est qu’elle contredit une méta-analyse danoise publiée en 2007 dans la revue JAMA (Journal of the American Medical Association). Ainsi, les scientifiques allemands ont étudié très exactement les mêmes études que celles qui avaient été scrutées par l’équipe de chercheurs danois. Alors que les scientifiques danois avaient conclu que la supplémentation en antioxydants augmentait la mortalité de 16%, les scientifiques allemands ont eux trouvé des effets positifs significatifs à la supplémentation en antioxydants.

De plus, le rapport allemand concluait sur le fait que près de la moitié des études avaient un effet positif en prévention primaire et que près d’un tiers des études montraient un effet en prévention secondaire.

Une question de méthode

Cela peut paraître bizarre que deux groupes de scientifiques qui aient analysé strictement les mêmes études arrivent à des conclusions si opposées. Toutefois, cela s’explique par le choix des méthodes. Les scientifiques danois se sont uniquement attachés à étudier les décès et en ont trouvé davantage parmi ceux ayant reçu la supplémentation en antioxydants. A l’opposé, les chercheurs allemands ont recherché minutieusement s’il existaient des effets statistiquement significatifs à la supplémentation en antioxydants et si ces effets (qu’ils soient bénéfiques ou non) étaient biologiquement plausibles.

Il convient de préciser que les chercheurs danois ont volontairement écarté 400 études relatives aux antioxydants exclusivement parce qu’aucun décès n’y était rapporté. Ce point précis a été critiqué avec virulence par la communauté scientifique.

Source:
“Reexamination of a Meta-Analysis of the Effect of Antioxidant Supplementation on Mortality and Health in Randomized Trials”
Authors: H.K. Biesalski , T. Grune , J. Tinz , I. Zollner, J.B. Blumberg
Nutrients 2010, 2(9),929-949
“Mortality in Randomized Trials of Antioxidant Supplements for Primary and Secondary Prevention
Systematic Review and Meta-analysis”
Goran Bjelakovic, MD, DrMedSci; Dimitrinka Nikolova, MA; Lise Lotte Gluud, MD, DrMedSci; Rosa G. Simonetti, MD; Christian Gluud, MD, DrMedSci JAMA. 2007;297:842-857.